Si on m’avait dit

Si on m'avait dit il y a deux ans qu’aujourd'hui je ne porterais plus tes vêtements et que je n'aurais plus qu'une photo de toi chez moi, je n'y aurais pas cru. 
Je m'étonne aussi de ne plus penser à toi tous les jours, 
ou du moins de ne pas m'en souvenir. 
Car ça fait moins mal : 
plus de couteaux qui s'enfonce jusque je ne sais où, 
plus de cette douleur à ne même pas savoir pleurer.

En septembre, je tombe sur une chanson, 
elle s'appelle "Hard Days Are Gone".
Je prends soudainement conscience que c'était dur,
ces six années étaient un gros trou noir, 
en détresse, un jour sur deux, 
à ne pas savoir qui appeler à l'aide, 
c'était la survie : tenter de sauver ce qu'il restait de moi dans la vie d'en bas,
« Hard days are gone, hard days are gone, hard days are gone, hard days are gone. » 
En boucle, encore et encore,
comme une consolation : 
les jours terribles sont passés, les jours les plus durs sont passés, c'est fini, c'est terminé.

À présent, 
te ranger sur l'étagère de mon petit meuble où tu as ton autel avec le cahier P.A., mes cartes, tes archives et tes livres. 
Tout ça m'a permis de t'enterrer,
à mon rythme, à ma façon, 
Là, toujours. Mais rangé.
J'y vais quand je veux ; ça ne m'envahit plus.

Laisser place à autre chose, enfin. 
Je suis ici à Tourtour, notre petit paradis. 
Mais cette fois-ci, j'y suis vraiment. 
Je ne reproduis pas ; seules quelques manies et habitudes, mais choisies. 
Je vis moins dans les souvenirs, dans le sacré : 
« Il faut que ça reste intact » 
Je suis prête à en créer d'autres. 
J’ai mis les Beatles qu’une seule fois dans la voiture.
Tu ne demeures plus. 
Je me sens à nouveau libre, je suis à nouveau libre, 
je suis là et je vis, vrai. 
Et pleurer parfois, car aujourd'hui je peux pleurer, 
et profiter, profiter surtout, 
jusqu'à la prochaine vague.

J’adore les matins
Au bar des Ormeaux

Petit cabanon
L’été fut
Il y avait