Au bar des Ormeaux
Au bar le matin on parle de la météo. Chaleur soutenable ou moins soutenable qu’hier. On verra. Le patron du bar rappelle à ses serveurs : le client est roi, c’est lui qui nous paye à la fin du mois, alors on est sympa. Aujourd’hui, c’est jour de marché. Les étals prennent forme. Il est 7h43 et il fait déjà chaud. Personne ne va à Draguignan, il fait trop chaud là-bas. On ne sait pas comment ils font. Un des congélateurs de la gérante du petit Proxi a lâché avant-hier. Les paquets de frites se sont fait une place in extremis entre les glaces. Dans un village plus bas, aussi ils ont lâché, le fournisseur est débordé. Elle ferme la porte du magasin pour éviter d’autres dégâts. Dimanche dernier, c’était le déluge ici. Il a beaucoup plu : le toit du voisin a même percé. Ce n’était jamais arrivé. Il paraît que Brad Pitt était au village l’année dernière. Il a bu un café chez le gars au chapeau. Le voisin lui a serré la pince. Les croissants sont arrivés. « Trois croissants s’il vous plaît et un café. » Il y a eu une grosse fuite à l’épicerie. Décidément, elles n’ont pas de chance. Les cyclistes du coin s’arrêtent au village pour une pause. Ça discute de l’itinéraire, ça boit de l’eau, du café parfois, et ça va aux toilettes. « Ça va monsieur ? » « Non, pas du tout, je suis très pressé. » « Ah bon, allez-y vite alors. » « Oui, vous direz aux autres cyclistes que je suis ici et que personne ne me dérange ! » Les touristes arrivent vers 11h30. Ils défilent de semaine en semaine. C’est les mêmes familles, les mêmes enfants, les mêmes chiens. Ça crie. Un peu trop parfois. Il est temps d’y aller. À demain, pour un autre café crème.

J’adore les matins
Petit cabanon
L’été fut
Si on m’avait dit
Il y avait